Cette semaine, je vais vous parler du livre d’Hanneli Victoire intitulé Rien à perdre sorti aux éditions Stock.  L’auteur est journaliste et dans son tout premier livre, sorti début février 2023, il débute sa réflexion autour du genre en 2018, quand il parlait de la « Sécession viennoise dans les chambres de bonne, en écoutant de la cold wave des années 80 ». Tout commence en été 2018, 50 ans après Mai 68, Il explique que c’est toute la révolution de son corps qui commence à comprendre que les désirs ne sont pas faits pour être enfouis. Il avoue lui même qu’il était un peu dans une petite bulle qu’il s’est créée après avoir fui sa province où il ne se posait pas forcément de question autour du genre. Il raconte tout au long du livre la fin de son adolescence, ce moment où l’on se croit un peu les meilleurs du monde parce que l’on vit dans la capitale, où l’on pense que nos rêves n’ont pas de limites, qu’ils ont toutes les raisons de s’exaucer, comme celui de devenir DJ ou traiteur sans y connaître grand chose, juste parce qu’on aime ça. C’est donc l’histoire de la conquête de son identité, celle qu’il scrutait un peu de loin chez les autres, une masculinité un peu ambiguë, une masculinité avec les cheveux courts, mais tout de même avec des paillettes. Ce livre là parle d’amitié, de coming out, de premier amour, d’attirance elle aussi très ambiguë. Il se pose la question que je me suis également beaucoup posée : est ce que je veux être avec elle ou est ce que je veux être comme elle ? Il parle de fluidité de genre, de soirées queer parisienne, de son premier changement de pronoms, d’amour queer qui cogne plus fort car il se vit en marge. C’est un itinéraire très personnel. 

Hanneli Victoire écrit dans un style incisif que j’aime bien. Ça me fait beaucoup penser à la manière dont on écrit un journal intime, qu’on écrit un peu à la hâte parce qu’on a envie de tout raconter avec pas mal de détails, ceux qui comptent, mais qui va tout de même droit au but. Il y a beaucoup de poésie, beaucoup d’émotions. C’est assez léger à lire bien que les sujets abordés ne le soient pas pas toujours puisqu’il parle de transidentité et du rapport à la famille, etc.  Je trouve ça bien de lire des récits ordinaires, des récits très intimes à propos de la transidentité et pas seulement des essais politiques très graves. Ca s’appelle Rien à perdre aux éditions Stock d’Hanneli Victoire et je vous le recommande chaudement.

Par Audrey Couppé de Kermadec, journaliste

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