La semaine dernière, je suis allé·e voir une expo au musée Picasso. Je n’aime pas Picasso, mais je suis quand même allé·e dans son musée. Ça s’appelle Black is beautiful et c’est une expo de Faith Ringgold. C’est génial, je vous la recommande. Elle court jusqu’au 2 juillet 2023. C’est à Paris, au Musée Picasso et c’est la première rétrospective en France qui est dédiée à cet artiste. C’est une artiste américaine très militante qui est connue pour son engagement dans les luttes, notamment pour les droits civiques et le féminisme. Elle écrit aussi des livres pour enfants. Elle fait pas mal d’huiles sur toile mais aussi beaucoup de peintures sur tissu. Il y en a pas mal dans l’expo et c’est ce que j’ai beaucoup aimé. Elle travaille autour des communautés afro américaines et de la question raciale et elle a expliqué dans le communiqué qui a été écrit pour l’expo : « la question était simplement de savoir comment être noir en Amérique. Il n’y avait aucun moyen d’échapper à ce qui se passait à l’époque. » Elle parle des années 60. « Il fallait prendre position d’une manière ou d’une autre car il n’était pas possible d’ignorer la situation. Tout était soit noir, soit blanc et de manière très tranchée. » On rappelle que c’était quand même à l’époque de la ségrégation raciale. 

Perso, j’adore son style. C’est un esprit un peu de collages. Il y a des figures et des formes plates, il y a beaucoup de couleurs. Elle a fait une série politique qui s’appelle American People. Ca montre le quotidien des afro américains en relation avec le mouvement des droits civiques. Elle s’inspire d’auteurs comme James Baldwin, elle s’inspire de l’art africain, de l’impressionnisme, du cubisme et de la Harlem Renaissance. C’est un mouvement de renouveau de la culture afro américaine qui a eu lieu dans l’entre deux guerres. Mes coups de cœur de cette expo, ce sont les kilts. Elle fait des peintures sur tissu matelassé, un peu comme des petites couvertures, et elle entoure tout ça de textes. C’est un peu comme des petites histoires. J’ai lu dans The Guardian que l’artiste a déclaré qu’elle a commencé à peindre sur tissu pour s’éloigner de l’association de la peinture avec les traditions occidentales européennes. Ca lui a même permis de prendre de l’indépendance en tant que femme parce qu’elle expliquait qu’elle pouvait simplement enrouler ses œuvres, les emmener sous son bras, et qu’elle n’avait pas besoin d’assistance pour les amener de galerie en galerie. Elle est très féministe, même dans le concret et le plus simple, c’est ça que je trouve assez badass. Elle fait également une critique dans tout son travail de l’histoire de l’art moderne qui est très blanche, très masculine, notamment dans une série qui s’appelle The French Collection et qui fait référence à des artistes comme Picasso, Van Gogh, etc. C’est une artiste qui me tient beaucoup à cœur car, même si aujourd’hui elle est connue du grand public, le public et les galeries étaient très réticent·es au début de sa carrière puisqu’elle peignait autour du racisme. Forcément, ça ne faisait pas rêver les galeristes. Aujourd’hui elle brille, notamment au musée Picasso à Paris, jusqu’au 2 juillet 2023 dans son expo Black is beautiful. Enfin une bonne raison d’aller au musée Picasso ! 

Par Audrey Couppé de Kermadec, journaliste

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