Alors cette semaine, je vais vous parler de la nouvelle émission de Kiyémis avec Mediapart qui s’appelle Rends la joie. C’est une nouvelle chronique vidéo qui est disponible sur Médiapart en accès libre. C’est en ligne un lundi sur deux à 13 h et également sur YouTube. Kiyémis, si vous ne la connaissez pas, en plus d’être une personne vraiment extraordinaire au soutien sans faille et aux conseils en or, c’est une poétesse et militante afro féministe. Elle est autrice du recueil A nos humanités révoltées, qui a été d’ailleurs été adapté en performance et interprété par les superbes Marie-Julie Chalu et Marina Monmirel, et elle a récemment sorti son livre Je suis votre pire cauchemar, un concentré d’amour de soi contre le diktat de la perfection. C’est un vrai manifeste contre la grossophobie, je vous le conseille. Je suis fan de ses mots, de sa façon d’aller droit au but direct là où ça pique et où ça brûle, que ce soit dans ses poèmes ou même dans la vie de tous les jours.
Depuis fin février, la poétesse, interroge pour Médiapart un ou une artiste dans le but de parler de la place de la joie dans son travail et dans ses luttes. Sur les réseaux sociaux, elle écrit par exemple à propos de cette émission : « Le Blue Monday déprimant est une invention capitaliste et la joie, même le lundi, c’est notre projet. ». Ça annonce vraiment de belles choses. Dans sa première chronique, Kiyémis recevait Laura Nsafou, plus connue sous le pseudo de Mrs Roots, romancière et autrice jeunesse. Je ne vais évidemment pas vous spoiler l’épisode, mais en gros, ça parle de la joie, de la liberté créative, de sensitivity reader… En gros, c’est une personne qui relie des manuscrits de livres pour vérifier qu’ils ne sont pas offensants ou alors qu’ils ne véhiculent pas de stéréotypes. Elles vont également parler de la romancière Toni Morrison, que j’aime beaucoup, de joies enfantines, d’optimisme, de sujets très solaires et qui font du bien au moral. En plus d’être instructive, je trouve que cette chronique est très touchante puisqu’on a un peu l’impression d’être avec elles, avec des ami·es dans l’intimité d’un salon. J’adore l’idée de parler d’autre chose que des émotions négatives que provoque le monde sur nos identités. La colère et la révolte, c’est essentiel dans nos luttes mais j’aimerais nous voir exister ailleurs, dans des émotions et sentiments bienveillants, et qu’on s’autorise à lâcher prise et à exister. Ca ne veut pas dire qu’on lâche la lutte, au contraire, pour moi le repos, la joie, l’amour, c’est tout aussi politique et tout aussi nécessaire et c’est des armes tout aussi efficaces contre les oppressions et les oppresseurs. Je trouve que Kiyémis le montre bien dans son émission. Elle a d’ailleurs lancé au début de sa chronique un : « La joie, c’est refuser la narration horrifique que nous promet le capitalisme et moi je trouve ça beau ». Je pense que c’est retoutable de savoir s’aimer à la fois individuellement et en communauté, et d’être capable de trouver de la joie dans nos vies, dans nos luttes par moments pour souffler peu, et de savoir l’exprimer et de se célébrer. Je suis très fière de Kiyémis et de cette émission. J’ai hâte de découvrir ce qu’elle va nous réserver pour la suite et j’encourage tout le monde à écouter et à regarder sa chronique qui fait du bien au moral. Le lundi, c’est parfait pour débuter la semaine.
Par Audrey Couppé de Kermadec, journaliste