Alerte photographe préféré·e et rétrospective de dingue à ne pas manquer à la Maison européenne de la photographie, la MEP à Paris dans le Marais. La Maison européenne de la photographie présente la première rétrospective en France dédiée à Zanele Muholi. C’est qui ?,  me direz vous. C’est un·e photographe non binaire et militant·e sud africain qui travaille autour des communautés noires LGBTQIA+. Cet artiste fait souvent des photos en noir et blanc très contrastées pour accentuer le noir des peaux. Iel fait aussi beaucoup d’autoportraits et de photos d’accessoires du quotidien transformés en costumes ou en parures hyper majestueuses, majestic. Dans la rétrospective, il y avait 200 photographies, vidéos et installations. C’était donc assez incroyable. Il y avait même des documents d’archives. Pour ma part j’avais particulièrement hâte de découvrir l’une d’entre elles qui s’appelle Qiniso. Qiniso, ça signifie « vérité » en zoulou et c’est une photo qui représente une personne qui est de profil, avec des cheveux crépus, qui sont coiffés tout en hauteur et ornés de peignes afro, symboles de la contre culture. Ce n’est pas juste un peigne. C’est vraiment un symbole de la résistance, de la fierté, des cheveux afros, etc., pour les personnes qui sont originaires d’Afrique et de la diaspora africaine. Je trouve cette photo incroyable. Si vous n’avez pas l’occasion d’aller voir l’expo, vous pouvez la googler et vous pouvez aussi vous renseigner sur cet·te artiste. En tout cas, on connaît l’histoire lourde de l’Afrique du Sud avec l’abolition de l’apartheid en 1994. Il y a eu une nouvelle Constitution en 1996 et c’était d’ailleurs la première au monde à interdire les discriminations qui étaient fondées sur l’orientation sexuelle. Pour autant, les personnes noires et queer restent très violentées et très discriminées là bas. C’est vraiment un·e artiste qui travaille autour de ces communautés et qui les met en lumière. Avec son appareil photo, Muholi va vraiment faire un art aussi militant qu’esthétique. Je trouve vraiment cool cet équilibre là. Il rend visible des personnes qui sont discriminées. Iel met en avant leur diversité. Ce que j’adore chez iel, c’est que souvent, iel fait participer les personnes qu’iel photographie, c’est à dire que les personnes vont pouvoir choisir le lieu, vont pouvoir choisir leur pose et leurs accessoires. C’est donc vraiment un travail collaboratif et je trouve ça vraiment rare. 

Je vous conseille à tous·tes de filer à la MEP. Vous avez jusqu’au 21 mai 2023 pour aller à la Maison européenne de la photographie pour voir Muholi. Ce qu’iel fait est incroyable. C’est quand même un·e artiste assez connu·e quand on est dans le milieu de la photographie ou quand on connaît un peu les communautés queer mais je pense qu’iel mériterait encore plus d’être reconnu·e, donc allez y ! 

Par Audrey Couppé de Kermadec, journaliste.

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