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SPLA$H – EPISODE 73 Ok, boomer ? 

EMMANUEL Bienvenue dans Splash, le podcast qui jette un pavé dans la mare de l’économie. Aujourd’hui, on va parler de maisons de retraites, de DRH, et d’émissions de CO2. C’est sûr, vous avez sûrement déjà entendu l’expression: « Ok boomer». Elle renvoie avec ironie à l’incompréhension entre les générations les plus jeunes et celles du baby-boom,comme s’il y avait un fossé qui les séparait. La mésentente entre les anciens et les jeunes est une idée qui ne date pas d’hier, mais qui a reçu uneactualité un peu particulière depuis cette année. D’un côté, des retraités cloîtrés chez eux (ou pire, en maison de retraite), fortement touchés par lapandémie et le confinement, mais qui amassent de l’épargne et du patrimoine. De l’autre, une jeunesse qui a l’impression d’avoir été privée d’une année de cours, de travail ou de loisirs, bien plus touchée par la précarité et la déprime. On en a parlé dès les premiers épisodes de cette saison, avec Philippe Cordazzo notamment. PHILIPPE CORDAZZO Il y avait une question récurrente globalement sur le fait que la proportion d’étudiants qui jugeaient leursressources insuffisantes pour pouvoir suivre leurs études, etc. En 94-97, allez en gros, c’est un quart 25%. Il y a une stabilisation jusqu’en 2010 environ, on est entre 25, il y a une petite montée 26? 27 et 2010 a un petit cap. On est à 28 en 2013, on est à 32 et 2016, on est à 30%. Donc on se rapproche plus d’un tiers que d’un quart. EMMANUEL De surcroît, comme on l’a vu avec Mickaël Zemmour, la précarité de la jeunesse ne date pas d’hier, au contraire : pour les moins diplômés, en particulier, les difficultés se sont accumulées depuis la fin du XXesiècle, et n’ont fait que se renforcer cette année. MICKAËL ZEMMOUR Parmi les jeunes qui ne sont plus en formation et qui ont le niveau de qualification le plus faible. Là, le tauxde chômage est très élevé. C’est pas forcément qu’ils ne trouvent pas à travailler, mais soit dans une situation précaire sur le marché du

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SPLA$H – EPISODE 70 « Pourquoi le Liban est-il entrain de s’effondrer? »

EMMANUEL Bienvenue dans Splash, le podcast qui jette un pavé dans la mare de l’économie. Aujourd’hui, on va parler de pannes d’électricité, de dette publique, et de clientèles politiques. On se penche sur le Liban, un pays qui traverseune grave crise économique, mais aussi politique. Pourquoi le Liban est-il en train de s’effondrer? Et, peut-il s’en sortir? Ça faisait longtemps que je voulais faire un épisode sur le coût de la corruption. Combien ça coûte aux populations qui en sont victimes ? Combien ça rapporte à ceux et celles qui corrompent ? C’est un exercice qui a été fait à plusieurs reprises, et sur lequel des économistes continuent de travailler, malgré un problème assez évident de récolte de données: si vous gagnez votre vie en rackettant la population, vous ne devezsûrement pas déclarer vos revenus aux impôts, par exemple. Il faut donc reconstituer des séries statistiques, afin de comprendre comment la corruption pèse sur les populations concernées. C’est ce sur quoi bossent notamment les chercheurs et les chercheuses de la Banque mondiale ou du FMI : sur les coûts directs et indirects de la corruption. Exemple: admettons que vous êtes fonctionnaire, en charge de l’accès à une filière d’études supérieures, et que vous en profitez pour faire payer, illégalement, un droit d’entrée. Ça réduit le pouvoir d’achat des victimes de ce chantage… et ça augmente le vôtre ! Mais, à un niveau macro économique, la corruption a-t-elle seulement des effets de redistribution? Autrement dit,est ce qu’elle ne fait qu’augmenter les inégalités ? Pas seulement. Les travaux de Paulo Mauro, Paulo Medas et Jean-Marc Fournier, par exemple, montrent que : Les Etats dans lesquels l’administration est corrompue ont plus de mal à lever des impôts – parce que les gens cherchent à cacher leurs revenus imposables autant que possible. Résultat : moins de services publics, et quand il y’en a, ils sont défaillants. Exemple au Liban, choisi par Sahar Al Attar, journaliste économique à L’Orient – Le jour, un quotidien libanais indépendant : SAHAR AL ATTAR C’est celui, notamment, de la gestion des déchets,

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L’événement du mois d’avril à ne pas rater  ✨

Le marché du travail connaît une profonde mutation, notamment depuis la crise sanitaire qui a soulevé de nombreuses questions managériales, RH et même sociales, ainsi que des envies irrépressibles de quête de sens au travail. Emmanuel Martin proposera un épisode inédit de Spla$h, enregistré en public au festival Écocotiers de Citéco, sur le travail de demain le samedi 15 avril à 12h. Pour vous inscrire à l’événement, cliquez ici On vous attend nombreux.ses ! 

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⚡️ 10 podcasts pour s’emparer des luttes d’aujourd’hui ⚡️

Le mois de mars est chargé de symboles et d’Histoire – mois de célébrations, de commémorations, mais aussi de luttes pour la reconnaissance des droits des femmes et de celles et ceux qui se définissent comme tel·les. En ce mois de mars 2023, particulièrement important pour notre Démocratie, notre playlist du mois se concentre sur le pouvoir d’agir dans ces luttes qui agitent nos pensées et nos actions, et plus particulièrement les luttes féministes. Comment s’emparer de ce qui nous contraint et comment le renverser ?  Dans un contexte où la pillule abortive est actuellement menacée au Texas, la remise en question du droit à l’avortement est devenue une question vitale aux États-Unis. Ce droit qui nous paraît évident aujourd’hui, a pourtant subi de lourdes répressions dans certains États. C’est le cas de la Louisiane : en témoignent dans cet épisode de The New York Times, Tara Wicker et Lakeesha Harris, deux femmes originaires de Louisiane qui relatent de leur chemin de vie, de ce qui les a conduit à des positions très différentes dans la lutte pour l’accès à l’avortement. Les initiales “IMG” peuvent marquer plus d’une femme dans leur parcours de la maternité. L’Intervention Médical de Grossesse peut arriver à n’importe quel stade de la grossesse pour protéger une mère. C’est un choix qu’impose parfois le corps médical (contrairement à l’IVG), lorsqu’un souci de santé important survient. Pourtant il existe une autre facette à cette opération, encore taboue et clivante : l’IMG choisie. Katy s’exprime, dans cet épisode

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SPLA$H – EPISODE 72 « L’économie française va-t-elle être envahie par les zombies?»

EMMANUEL Bienvenue dans Splash, le podcast qui jette un pavé dans la mare de l’économie. Aujourd’hui, on va parler de dettes privées, de vagues de chômage, et de politique industrielle. On se penche sur un phénomène étrange : les zombies. Ou plutôt les entreprises zombies, qui ont tendance à se multiplier en ce moment… et c’est un peu inquiétant. Si vous n’avez jamais vu de film de zombies, en deux mots, de quoi s’agit-il ? Eh bien de morts-vivants, qui survivent sans qu’on sache bien pourquoi ni comment, et qui s’attaquent aux êtres humains, généralement pour leur dévorer le cerveau. On a du mal à s’en débarrasser parce que, précisément, ils sont déjà morts, même s’ils bougent encore. Quel rapport avec des entreprises ? Eh bien parmi les quatre millions d’entreprises que compte la France, ily en a chaque année qui naissent, et d’autres qui meurent – parce qu’elles font faillite, parce qu’elles arrêtent de produire, ou encore parce qu’elles sont rachetées par une autre entreprise. Mais… certaines ne disparaissent pas, alors qu’elles sont en état de mort clinique, avec un endettement important mais pas assez de revenus pour le rembourser. Ce sont elles, les zombies : des entreprises mortes-vivantes, quidevraient être balayées par la concurrence, mais qui ne le sont pas. Comment ça se fait? Est-ce que c’est aussi dangereux que des vrais zombies ? Et comment éviter l’invasion? VIRGULE TITRE Commençons par un constat un peu étrange : en 2021, il y a eu largement moins de défaillances d’entreprises que d’habitude. C’est ce que rappelle Nadine Levratto, directrice du laboratoire Economix, à l’université Paris­ Nanterre: NADINE LEVRATTO Alors, la première chose qui s’est passé quand même durant cette crise, qui a au début un peu surpris, et qui ensuite été très bien expliqué c’est que le nombre de faillites a diminué et a diminué de manière considérable : 37% entre 2019 et 2020. Lorsqu’on regarde un petit peu, l’évolution des défaillances en France avant 2008/2009 elles étaient

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LES MAINS DANS LA POP #13 La fin des monstres, par Tal Madesta

Cette semaine, je vais vous parler du deuxième livre de Tal Madesta, La fin des monstres. Le premier s’appelle Désirer à tout prix chez Binge Audio et je vous le recommande chaudement. La fin des monstres est édité par la revue La Déferlante dans laquelle il a beaucoup écrit sur son parcours de transition. J’ai remarqué qu’on demandait souvent à Tal si le titre de son livre La fin des monstres était un pied de nez à celui de l’écrivain et philosophe trans Paul Preciado qui s’appelle Je suis un monstre qui vous parle. Fair enought : l’avant propos commence par une référence à celui ci et au discours qu’il avait prononcé en 2019 devant plus de 3500 psychanalystes, puisque la psychanalyse, et plus largement la société, a fait des personnes trans des monstres. Il avait voulu montrer qu’ils peuvent aussi prendre la parole, voilà ce que la formule de Preciado voulait dire. La fin des monstres de Tal Madesta n’est pas une critique de cette formule mais c’est plutôt une proposition d’un autre regard. La fin des monstres dont Tal nous parle dans son livre, c’est, à la fois la fin des personnes trans vues comme monstrueuses, même si c’est encore loin d’être le cas dans notre société transphobe, mais c’est aussi et surtout la fin des vrais monstres, c’est à dire les transphobes, parce que ce mythe de la monstruosité, toute la pathologisation qu’il y a autour de la transidentité, ce n’est bien qu’un miroir tendu. Coucou les

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SPLASH – ÉPISODE 67 Comment sortir les sans-abri de la rue ?

EMMANUEL MARTIN Bienvenue dans Splash, le podcast qui jette un pavé dans la mare de l’économie. Aujourd’hui, on va parler d’un problème social qui donne lieu à quantité de promesses électorales, mais à bien peu de succès : la condition des sans-abris. Les sans-abris, ce sont les personnes qui n’ont pas de logement, et qui se retrouvent à passer la nuitdans un lieu non prévu pour l’habitation – un hall de gare, un parking, ou un trottoir. Difficile d’estimer leur nombre exact. La mairie de Paris a essayé de le faire avec une équipe de bénévoles qui a sillonné la capitale en février 2018, eta recensé 3000 personnes dans la ville de Paris. Il fauty ajouter toutes les personnes qui sont prises en charge dans des hébergements d’urgence, de réinsertion sociale, dans des structures pour les demandeurs d’asile en attente, ou encore dans des logements temporaires comme des foyers. Si on a du mal à évaluer le nombre des SDF, c’est aussi parce qu’on ne parle pas ici d’une populationhomogène et déterminée, mais d’une condition sociale dans laquelle on peut entrer et dont on peutsortir. C’est ce que m’a expliqué Brendan O’Flaherty, professeur d’économie à l’université Columbia, et l’un des meilleurs spécialistes américains de ce sujet. Brendan O’Flaherty Because homelessness is nota pool of people, it is a process and it is a process with great randomness and great surprises in it. « Parce que devenir sans-abri, ce n’est pas rejoindre un groupe de personnes, c’est un processus, et c’est un processus avec beaucoup de phénomènes aléatoires et surprenants.» EMMANUEL MARTIN Pour cette raison, il est difficile de prendre en charge toute une diversité de personnes qui rencontrent chacune des problèmes spécifiques. Brendan O’Flaherty You cannot doit by looking at them. You cannot doit by the fa.et you can. This is this is something and you don’t know who it is. You can only establish that there are X number of people by statistical analysis after the fa.et. So program, if you see a homelessness prevention operating, no one has anyidea of how effective they are, but only by careful study of numbers after the fa.et can you find outhow effective they are. » « On ne peut pas savoir si quelqu’un deviendra sans-abri à l’avance, ce n’est pas marqué sur lui. C’estquelque chose qu’on ne peut pas faire. On peut seulement établir statistiquement, après les faits, qu’il y a un nombre X de personnes qui sont devenues sans-abris. Donc, dans les programmes deprévention du sans-abrisme, personne n’a aucune idée de leur efficacité au moment où ils se déroulent, c’est seulement ensuite que l’on peut voir s’ils ont été efficaces. » EMMANUEL MARTIN On va donc se pencher sur les expenences qui permettent effectivement de sortir de la rue les sans-abris qui sont pris en charge. À partir de ces expenences, peut-on trouver des solutions durables pour les sans-abris ? Revenons à la France. Il y a théoriquement une multiplicité de structures qui peuvent prendre en charge les SDF.

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LES MAINS DANS LA POP #12 Acharnés, série Netflix

Alors cette semaine, j’ai bingé pour vous la série Acharnés sur Netflix et c’est vraiment pas mal. Alors je dis que « j’ai bingé pour vous », mais en fait c’est faux. Je m’ennuyais et je devais me coiffer. Pour celles et ceux qui ont les cheveux crépus, vous savez que ça prend à peu près deux jours ouvrés. J’ai donc cliqué au hasard sur cette série qui a retenu mon attention pour passer un peu le temps pendant que je m’arrache les cheveux. Ca s’appelle donc Acharnés, ça vient de sortir. Ça parle de colère, de surmenage, de dépression et malgré l’aspect un peu plombant de tous ces sujets, c’est très drôle. C’est une série de Lee Sung Jin qui a aussi scénarisé Philadelphia ou alors encore la série Two broke girls qui est très drôle. C’est avec l’acteur Steven Yeun, vous l’avez peut être vu dans The Walking Dead ou alors dans Nope de Jordan Peele, et l’actrice Ali Wang, qui est connue notamment pour ses stand up, c’est une humoriste. Le synopsis, si je vous lis, c’est : « un accès de violence entre deux conducteurs frustrés par leur profession respective, déclenche une vendetta qui libère leurs instincts les plus sombres. » On suit les personnages de Danny et d’Amy qui, après avoir vécu ensemble une altercation en voiture sur un parking, vont se lancer dans une espèce de petite gué-guerre interminable dans laquelle chacun et chacune se pourchasse et se fait des coups bas. Alors, lui, c’est un homme à

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SPLA$H – EPISODE 66 « Pourquoi les jeunes sont-ils seul.e.s face au chômage?»

EMMANUEL Bienvenue dans Splash, le podcast qui jette un pavé dans la mare de l’économie. Cette semaine, on fait le point sur l’emploi des 18-25 ans, ou plutôt l’absence d’emplois. Aujourd’hui on va parler de stagnation de la croissance, desolidarité familiale, et de file d’attente. Pourquoi le chômage est-il plus important chez les 18-25 ans ? Comment peuvent-ils trouver du travail ? Est-ce qu’il faut mettre en place d’autres aides, à côté des politiques de l’emploi? VIRGULE TITRE Commençons par poser un constat: dans les faits, le chômage des jeunes en France n’est pas si élevé. Ça peut vous surprendre, parce qu’on entend souvent parler de taux très importants. C’est ce qu’explique Michaël Zemmour, maître de conférences en économie à l’université Paris 1: MICHAËL ZEMMOUR En réalité, ce qu’on a, c’est un chiffre qui circule sur le taux de chômage des jeunes, peut être que vous l’avez entête, mais quelque chose de très élevé, 15 %, peut-être, mais en réalité, quand on compte le taux de chômage des jeunes, on ne parle pas des jeunes engénéral, mais on parle des jeunes sur le marché du travail, c’est-à-dire des jeunes qui ne sont pas en formation. Sion regarde précisément de mémoire, la part des jeunes de 18 à 25 ans au chômage, l’ordre de grandeur, c’est plutôt 8% avant la crise, de l’ordre de 8%. Et donc, l’image selon laquelle on aurait une masse très importante, une génération au chômage est fausse. EMMANUEL Ce chiffre tient à la définition même de cet indicateur. 1-  Nouvelles Écoutes© Tous droits réservés Au sens le plus strict, les chômeurs ce sont les gens qui ne trouvent pas d’emploi alors qu’ils en recherchent un activement, et sont immédiatement disponibles pour être embauchés. Et le taux de chômage rapporte ce chiffre à l’ensemble des actifs. C’est-à-dire l’ensemble constitués par lestravailleurs en emploi+ les chômeurs. Or, parmi les 18-25 ans, il y a peu de monde qui recherche activement un emploi à temps plein et pour tout de suite. Tout simplement parce que la « recherche active d’emploi », çacorrespond grosso modo à l’inscription

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QUOUÏR SAISON 3 « AU NOM DU FILS » – EPISODE 6 L’autre famille

AYA- Moi, c’est Aya, j’ai 23 ans. Mes pronoms sont iel, accord masculin et mon rapport à la Manif pour tous… Disons que c’estun très mauvais souvenir. Et puis il y a beaucoup de colère aussi. LOUISE – Je m’appelle Louise, mes pronoms c’est elle et iel. J’ai 22 ans et mon rapport à la Manif pour tous : de mauvaissouvenirs, des traumas je pense aussi. Et de très mauvais rapports avec une famille ultra catholique. JULIE – Et moi, c’est Julie,j’ai 28 ans, mes pronoms c’est elle et mon rapport à la Manif pour tous c’est ce qui signe ma sortie de ma famille. C’est ce qui signe l’arrêt de la relation avec ma mère et la fin de la rupture de tout lien avec la religion. AUGUSTIN – Et moi, c’est Augustin. J’ai 19 ans, mes pronoms c’est il, et la Manif pour tous pour moi c’est un moment, au début de l’adolescence, où j’ai accumulé beaucoup de violences contre la communauté LGBT et du coup contre moi-même.Et donc, ça a eu beaucoup de conséquences, plus tard, dans ma construction. VOIX FÉMININE – Si vous êtes pris de désespérance, balayez tout cela, gardez la tête haute, vous n’avez rien à vousreprocher. Les vérités tuent, celles que l’on tait deviennent vénéneuses. ROZENN -Augustin, est-ce que tu veux expliquer ce qui t’a donné envie de les réunir, de vous réunir tous aujourd’hui? AUGUSTIN – Eh bien ça fait quelques années que je réfléchis sur le fait que je suis allé à la Ma.nif pour tous et que jepeux en parler avec personne qui l’a fait aussi. C’est-à-dire que je m’adresse à des gens qui sont tolérants, qui acceptent de m’entendre et tout ça, mais qui l’ont pas vécu. Etdonc,j’avais à cœur quand même de rencontrer des gens et de créer un réseau d’échanges et de contacts et sûrement de soutiens aussi entre personnes qui l’ont vécu. Pour moi, c’était important qu’on puisse se réunir. Et aussi, c’est important d’entendre, d’entendre plusieurs témoignages parceque l’on n’a pas tous et toutes vécu de la même manière. Les familles n’ont pas eu la même réception et donc il faut entendreune multitude de témoignages pour avoir pour se faire un avis fondé sur ce que c’était la Manif pour tous pour les personnes LGBTQIA+. JULIE – Juste pour préciser le truc, donc moi, j’ai pas votre âge, je suis un peu plus vieille. Moi j’ai pu m’opposer à ma mèrequand elle m’a demandé de participer. Parce qu’à l’époque,j’avais 18 ans et j’ai écrit une longue lettre au prêtre de la paroisse pour lui expliquer pourquoi c’était pas OK d’appeler à marcher et ensuite je suis partie de chez moi. De chez ma mère et de ce jour-là,je n’ai plus jamais reparlé à mes amis de l’époque. J’ai pasexactement le même vécu dans le sens où moi on m’a pas emmenée là-bas donc je suis peut-être un petit peu plus chanceuse de ce côté-là. LOUISE – Moi pour rebondir à ce que t’as dit,je nesuis pas allée aux manifestations, mais en gros moi ça a vraiment été un mouvement sur plusieurs années qui s’est installé dans les vies des familles de la paroisse. Et du coup, dans ma vie aussi,etje suis amené à beaucoup plus de choses derrière. Beaucoup ont été bien pires que les violences pendant la manif, qui on pu mener à différentes ‘fin une demande d’investissement énorme dans tout ce qui est des servants d’autel, scoutisme ou je me faisais bien tabasser, et ce qui a mené aussi à des thérapies de conversion, ce qui a aussi mené à un harcèlement massif par plein de gens au lycée. Et la violence dans la famille aussi beaucoup. JULIE – Toi t’avais quel âge? LOUISE – J’étais en fin collège sije me trompe pas. JULIE – Donc aucune possibilité de partir de toi-même en fait. C’est vraiment un âge où tu doisvivre chez tes parents donc t’es pas… tu peux pas claquer la porte quoi. LOUISE – Bah en fait mon père est très vite parti pour divers problème psy et de toxicomanie. C’est un détail important parce que c’est un truc qu’on m’a mis sur le dos pour me faire comprendre que c’est juste un trauma l’homosexualité ou autre et quec’était juste lié à ça. Bah ma mère, c’est à ce moment-là aussi qu’elle s’est rapprochée de mouvements comme la communauté deSt Jean. Elle est tombée dans une paroisse qui était en fait une secte et aussi du coup la communauté de l’Emmanuel. Et puis yavait une pression immense, comme si je devais être un pilier qui devait être tout le temps là, mais quand c’était pas ça, c’étaitviolence sur violence… Donc ouais, moi c’est pas les Manif, ‘finje l’ai pas vécu par la Manif mais plus par le mouvement qui s’est inséré dans toute cette communauté catholique. AYA- Moi,je l’ai vécu par les manifs, mais les manifs, c’est.. à monavis en tout cas, c’est vraiment la partie émergée de l’iceberg,en fait Parce que, comme tu disais Louise, la violence, elle était partout en fait Enfin la violence contre nous, elle n’était pas justedans les manifs. En manifs elle était visible en fait, enfin elle était à visage découvert. Alors que nous, dans nos églises, dans lemilieu protestant, c’était beaucoup plus… à demi-mot Dans l’église de mes parents, il y a des groupes pour les jeunes où on va,donc il n’y a pas de catéchisme et c’est un peu l’équivalent, mais pendant le passage du culte, il y a une partie où les enfants s’envont pour avoir leur propre groupe. Et en gros, c’était aussi dit à demi-mots dans ce moment-là, on a eu beaucoup plus dethématiques sur la famille, sur l’importance du mariage, sur l’importance de l’abstinence, sur l’importance de venir parler à unadulte si on avait des pensées déviantes. Et c’était vraiment insidieux. C’est-à-dire que les manifs, moi, j’en ai fait une. Onm’a amené à une manif et oui, c’était violent, mais c’était violent à visage découvert. C’était pas violent en sous-main commec’était le reste du temps en fait. JULIE – Et moi il y a quelque chose que je me demande en vous écoutant tous parler, est-ce que vous saviez déjà à l’époque que vous étiez queer? Parce qu’en fait moi,je le savais pas. Moi je savais pas que j’étais lesbienne et en fait, moi si j’en veux à la Manif pour tous et de façon plus générale, à la façon très traditionnellement catholique par laquelle j’ai été élevée par ma mère, si j’aiaccumulé énormément de colère contre tout ça, contre tout cetordre établi, c’est parce qu’en fait, moi, ça m’a privée d’une partiede moi pendant des années, c’est-à-dire que j’ai toujours été dans des écoles catholiques. On allait à la messe tous les dimanches :bénédicité avant chaque repas, ‘fin je vous apprends rien, les scouts… La totale, vraiment. Mes frères, ils étaient enfants de chœur. Moi,je chantais tous les dimanches à l’église. Tout ça pour dire que j’ai… je ne suis pas beaucoup sortie de ce moule-làavant de partir à 18 ans. Et en fait,je n’ai donc connu que des gens comme ça, que des gens qui nous ressemblaient. Et parexemple, dans mon école, il y avait… il n’y avait pas… Si, bien sûr, qu’il y en avait, aujourd’hui,je m’en rends compte, mais en tout cas, il y a avait une invisibilisation totale du fait qu’on pouvait être autre chose que cis hétéro. Et en plus de ça, cis hétéroblancs parce que moi, j’ai grandi à Bordeaux et que franchement, dans les écoles catholiques à côté de Bordeaux, pas beaucoup de personnes racisées. Donc, en fait, ‘fin c’était vraiment que des gens comme nous. Je pensais comme moi et moi,j’ai attendud’être… arrivé à Paris à 25 ans. J’avais un mec, à ce moment-làje pensais que j’étais hétéro etje rentre dans une soirée et en fait,elle est là, en face de moi, et là mon monde il s’écroule, vraiment, parce que je me dis « Mais putain mais c’est ça en fait, c’est çadepuis le début ». Et en fait, j’avais 25 ans et là, et vraiment, j’étais déjà très en colère contre ma mère à cette époque-là. Mais depuis trois ans que du coup je suisavec des filles, c’est décuplé en fait. LOUISE – Pour te dire moi, du coup,je l’ai toujours su enfin depuis toujours, mais je l’ai toujours refoulé. En plus, quandj’étaisenfant,je me voyais femme quandj’étais adulte. J’avais une vision de… enfin bref c’était bizarre et est arrivée à ce moment où j’étais à Lourdes pour le pèlerinage de ma confirmation avec tous les jeunes du diocèse. Et il y a eu la musique « Only Girl » deRihanna et je me suis mise à danser dans le bus avec des copines. Il y a une fille qui m’a regardé et elle me fait « mais Louis t’espédé » et là,j’ai euun déclic en mode: « Tu peux plus te le cacher j’ai compris ». Et en fait, les gens l’ont avant que moi,je me disebah c’est bon,je peux l’accepter. Tout l’entourage a pris le relais et a fait en sorte que je ne puisse pas le réaliser, l’accepter. JULIE – Moi j’ai une question. Augustin, tu penses quoi, toi en nous entendant tous et toutes? AUGUSTIN -Mais je pense à plein de choses. Je pense à plein de choses. Ça m’émeut beaucoup parce que c’est plein de peineset de souffrances, et aussi de courage. Je pense qu’il faut pas avoir peur de se considérer comme une victime parce que c’est… c’estpas non plus un statut qu’on se donne qui est définitif. Mais je pense qu’il faut passer par la case de se dire qu’on a été victime dequelque chose pour après, essayer de penser à quel point on est plus forts ou plus fortes que ça. Et donc, oui, on est des victimes. On a des grosses vicos de la Manif pour tous et du milieu dans lequel on a grandi. Sauf qu’on en est sorti, qu’on a trouvé lemoyen d’être plus intelligent et plus intelligente que tout ça. Et qu’aujourd’hui, on se débrouille mieux que… que les gens quivont rester enfermés dans tous ces modes de pensée-là qui nous ont détruit. ROZENN – Et et par quoi est passé ou passe encore la reconstruction pour vous aujourd’hui? Aya. AYA- Déjà basiquement, par une thérapie. Personnellement,je suis suivi. Après, ça passe aussi… moi personnellement par de ladiscussion avec mes parents. Je pense que ma reconstruction à ce niveau là était peut-être plus simple que beaucoup de gensparce que mon père fait un travail sur lui et que mon père s’est excusé de certaines choses qui se sont passées. Etje sais, au-delàdes excuses, que mon père regrette profondément certaines choses qu’il a faites. Et ça, je pense que c’est une chanceinestimable parce qu’on a pas tous et toutes la chance d’avoir des parents qui sont capables de prendre du recul sur eux, des’excuser et juste de faire leur propre autocritique. Et ce qui m’a beaucoup aidé aussi, c’est de trouver une autre communauté àun autre endroit où je puisse être entouré et où je puisse être écouté et entendu. Ça, je l’ai trouvé de façon globale on va dire dansla communauté LGBT et de façon plus générale, dans la communauté polyamoureuse. JULIE – Je pense que ça s’est passé en deux étapes. Tout a été très simultané parce que donc je suis partie de chez moi je venaisde passer le bac et en fait j’ai commencé des études dans la culture et donc j’ai rencontré des gens qui me ressemblaient. Et là, je me suis un peu dit « Ah, en fait, c’estpossible. » Donc c’est surtout passé par un long travail de déconstructionoù, en rencontrant des gens qui ressemblent à ce que jesuis aujourd’hui. J’ai puvoir qu’il y avait d’autres façons d’exister, qui étaient possibles. Et ensuite, la deuxième étape, c’est quand j’ai rencontré ma première copine. Et là, effectivement,la communauté LGBT elle aété d’une grande aide. C’est très bête, mais en fait, ça passe

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